L’exercice physique devrait être prescrit sur ordonnance
Le sport sur ordonnance médicale, pris en charge par la Sécurité sociale, pour «réduire la consommation de médicaments des Français » ? Alors que le ministère de la Santé doit mettre en oeuvre dans les semaines à venir son plan en faveur de l’activité physique, l’Académie de médecine veut aller plus loin.
«Le sport doit faire partie des prescriptions au cabinet médical, au même titre que les antibiotiques, l’aspirine ou les antidépresseurs », affirme le Dr Jacques Bazex, auteur d’un rapport sur ce thème rendu public cette semaine. L’idée d’une prise en charge de l’exercice physique par les pouvoirs publics, pour certaines catégories de la population, a d’ailleurs été déjà envisagée récemment, en particulier en Grande-Bretagne.
Depuis trente ans, beaucoup de publications ont démontré les bienfaits du sport sur la santé mentale et physique en général. À court terme, l’activité a un effet bénéfique sur le sommeil, le stress, l’anxiété. Pratiquée régulièrement, elle allonge l’espérance de vie en bonne santé et retarde l’ âge d’entrée dans la dépendance. Une étude prospective publiée en 2007, portant sur 250.000 personnes, montre ainsi qu’un sport d’intensité modérée, pratiqué au moins trois heures par semaine, réduit le risque de mortalité de l’ordre de 30 %. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, la sédentarité serait responsable d’un décès sur dix dans le monde.
Favoriser l’activité physique des Français n’est cependant pas un mince diff. «Malgré les efforts déployés par certaines mairies, associations et bénévoles, seule une faible proportion de la population est concernée», note l’Académie. Dans une étude de l’Inpes,42 % des personnes interrogées ont déclaré moins de dix minutes d’activité dans la semaine précédant l’enquête. Comparant les habitudes des préadolescents européens et américains, une étude internationale a par ailleurs montré que la France fait partie des pays où la pratique est la plus faible à cet âge.
«Il est de la responsabilité des pouvoirs publics de corriger cette situation alarmante », conclut l’Académie de médecine, qui appelle à la mise en œuvre d’un programme d’éducation pour enraciner le sport dans les habitudes de vie dès le plus jeune âge, et sensibiliser les médecins à l’effet préventif et thérapeutique de l’activité physique.