4. La volonté de vivre, dix ans après le tsunami

Flore Titeux a 36 ans, mais en paraît dix de moins. Peut-être parce que sa vie s‟est arrêtée le 26 décembre 2004. Ce matin-là, elle était en Thaïlande avec ses parents, son mari, sa sœur, son beau-frère et leurs enfants. Des vacances qu‟elle avait organisées. Arrivée la veille à Khao Lak, la famille prend son petit déjeuner en terrasse, une plage de rêve en toile de fond. «Ma mère m‟a demandé d‟aller lui acheter des cigarettes sur la plage. Je suis donc repartie vers ma chambre pour prendre de l‟argent.» C‟est ce qui la sauvera, car un tsunami vient de frapper faisant des dizaines de milliers de morts dont 95 Français.

Il est 11 h 05. La vague s‟abat sur la côte. Flore ne comprend pas ce qui est en train de se passer. «Je voyais des gens courir, crier ... Une Thaïlandaise s‟est approchée et m‟a dit: “Il faut aller en haut, il faut aller en haut!”» Impossible, l‟eau monte trop vite. «J‟ai cassé la baie vitrée d‟une chambre et j‟ai grimpé sur le lit. Mais la vague a brisé la porte, j‟ ai glissé et je me suis retrouvée piégée dans la pièce, comme dans une machine à laver.» L‟océan avance et écrase tout sur son passage. Prise dans un tourbillon, Flore est propulsée à l‟extérieur. «Je me suis sentie partir, mais je ne souffrais pas, j‟étais bien. Jusqu‟au moment où ma tête s‟est retrouvée hors de l‟eau et là ça m‟a brûlé les poumons. C‟était comme la première goulée d‟air d‟un nouveau-né.»

Flore sait qu‟elle va survivre. Son père Marc, sa mère Yolande, sa sœur Frédérique et ses neveux Cara, 5 ans, et Marc-Vincent, 18 mois, n‟auront pas la même chance. Seuls son beau- frère et son mari reviendront en vie. Ils ont réussi à nager et à s‟accrocher quelque part, le temps que l‟eau se retire. Emportée par le courant, Flore dérive puis s‟accroche à un palmier, avant que deux Thaïlandais ne la hissent sur un toit. Ils trouvent refuge sur une colline où sont amassés les rescapés et les morts.

Elle regagne Paris trois jours après le tsunami. «Je n‟ai pas le souvenir d‟avoir versé une larme. J‟étais dans un état second, comme anesthésiée.» En France, il lui reste un frère, Lionel, anéanti. Flore s‟installe dans la maison de ses parents. Les corps de la famille Titeux sont rapatriés au compte-gouttes. Le père et la sœur en février, puis les neveux. La mère de Flore leur sera rendue au bout de six mois. Les funérailles se succèdent. Les cercueils sont scellés, pas de dernier au revoir.

Dix ans ont passé, Flore dit aller bien mais se refuse à l‟oubli. «Pour moi, c‟est comme si c‟était hier.» Le tsunami peuple ses rêves, ses cauchemars, son quotidien. Elle a appris à faire avec. «Je n‟ai pas envie de passer le reste de ma vie à souffrir. On a eu la chance de survivre, il faut en faire quelque chose de bien. Sinon, autant se tuer tout de suite.» Elle a en vain cherché du travail, avant de tomber enceinte, en octobre, de Tao, son quatrième enfant. «Si j‟ai voulu beaucoup d‟enfants, c‟est parce que j‟ai perdu beaucoup de monde.» En chinois, Tao signifie «grande vague».

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Comment Flore a-t-elle pu survivre à cette catastrophe océanique?

«Flore sait qu‟elle va survivre.» Ce futur immédiat «va survivre» exprime ________.

«Les corps de la famille Titeux sont rapatriés au compte-gouttes.» Quel est le sens d‟«au compte-gouttes»?

Cochez l‟expression qui ne correspond pas au fait que Flore «se refuse à l‟oubli».